Une modification du coefficient électrique qui interroge
Le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle modification du Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) concernant le coefficient de conversion de l’électricité. Dès le début de l’année 2026, ce coefficient passera de 2,3 à 1,9, un changement qui fait suite à un précédent ajustement survenu en 2020. Cette mise à jour vise à s’aligner sur les recommandations européennes et à tenir compte de l’évolution du mix énergétique français, marqué par l'augmentation de la production d’électricité renouvelable.
Des conséquences concrètes pour le parc immobilier
Si ce changement semble purement technique, ses implications sont très tangibles. En pratique, de nombreux logements chauffés à l’électricité verront immédiatement leur note DPE s’améliorer, sans que des travaux d’isolation ou d’équipements n’aient été réalisés. Ainsi, près de 850 000 habitations pourraient ne plus apparaître comme des passoires énergétiques, seulement grâce à un nouvel indice de calcul.
Cependant, cette révision pourrait favoriser un recentrage excessif vers le chauffage électrique, au détriment d’autres solutions efficaces comme les pompes à chaleur hybrides, les chaudières utilisant du biogaz ou encore les réseaux d’eau chaude connectés. En parallèle, cela risque aussi de brouiller la compréhension des ménages, puisque les estimations du DPE pourraient s'éloigner de la réalité de leurs dépenses énergétiques, qui sont établies sur la base de l’énergie finale consommée.
Pour les bailleurs, la possibilité que leur logement gagne une ou plusieurs classes DPE sans intervention concrète pourrait constituer un frein à la poursuite des réhabilitations énergétiques, mettant en péril la dynamique de rénovation lancée ces dernières années.
Une inquiétude grandissante chez les professionnels de la rénovation
Cet ajustement suscite une vive préoccupation au sein des acteurs du bâtiment et de la rénovation énergétique. Les artisans investis dans des chantiers de rénovation globale pourraient voir leurs efforts dévalorisés, tandis que les points de repère des propriétaires et des locataires se retrouveraient fragilisés. De plus, cette décision viendrait compliquer l’atteinte des objectifs de transition énergétique et de réduction des émissions de carbone fixés dans la Stratégie Nationale Bas Carbone.
Un appel à la clarté et à la stabilité réglementaire
Le secteur estime essentiel que les outils réglementaires, tel le DPE, demeurent lisibles, compréhensibles et pertinents pour l’ensemble des acteurs. Une politique de rénovation cohérente et durable nécessite des règles stables, afin d’assurer l’équité et la confiance sur le long terme. Avant toute modification d’ampleur, l’impact sur les ménages, les professionnels et l’environnement doit faire l’objet d’un examen partagé et approfondi.
Vers une rénovation plus juste et durable
Dans ce contexte, il est crucial que toutes les parties prenantes poursuivent leurs efforts pour garantir la fiabilité et la crédibilité du DPE. Accompagner les français dans la transition énergétique exige rigueur, pédagogie et engagement, pour que la rénovation du bâtiment contribue réellement à la lutte contre le changement climatique et au bien-être de tous.